Le Lokhon Bassac


Cette forme de théâtre porte le nom de la province où elle est née vers le milieu du XIXème siècle, située au sud du Vietnam où vivent de nombreux Khmers Kraom ou Khmers du bas. Il y subit les influences conjointes du Hi chinois et du Kai Loeung vietnamien et ne fut représenté au Cambodge pour la première fois qu'en 1930 à l'occasion d'une tournée d'acteurs Khmers Kraom qui fut un échec. Cependant, la troupe persévérant, le Lokhon Bassac se popularisa le long des voies fluviales qu'elle utilisait pour se déplacer et à travers le reste du pays. Le bassac intégra alors maints morceaux du répertoire Mahori cambodgien.

Jusqu'au années soixante-dix, le Lakhon bassac ne cessa de s'enrichir d'apports extérieurs ce qui lui permit de conserver sa popularité :

Depuis 1979, on constate une nette tendance à la khmérisation, notamment pour le costume. Les quelques troupes s'inspirant de vidéocassettes étrangères sont plutôt critiquées.

Les sujets les plus communément traités sont les Jakata (histoires des vies antérieures du Bouddha).
On joue aussi des pièces adaptées des légendes khmères ou étrangères (légende chinoise de Siying Kuy, légende arabe de Enao Bossiba...).

Les paroles étant improvisées, le public découvre de nouvelles paroles à chaque représentation mais retrouve toujours la même mélodie d'accompagnement. Des morceaux spécifiques permettent de reconnaître les passages consacrés à la description des personnages, des paysages, les scènes d'amour, de séparation ou de bataille et peuvent être, selon le cas, d'essence traditionnelle ou fortement marqués d'influences étrangères.

Lors de la première entrée en scène, chaque personnage doit se présenter après avoir effectuer sa marche d'entrée ("Huon"). Chaque catégorie de personnage a un Huon attitré à l'exception des clowns qui imitent et ridiculisent celui des autres. Ces derniers interviennent pour établir des liaisons entre les tableaux en faisant des commentaires sur l'action et en émaillant leur jeu de références satiriques concernant l'actualité.

A ses débuts, le Lokhon Bassac était interprété par des hommes lettrés ou ";Pandita" qui improvisaient le texte en prose ou en vers de sept pieds. Ces représentations duraient souvent trois nuits et pouvaient se prolonger jusqu'à sept. A partir des années quarante, des acteurs peu cultivés, voire illettrés s'emparent du Bassac. Incorrection de la langue et tendance à la vulgarité provoquèrent une désaffection du public lettré qui se réintéressa à ce théâtre après la création d'une troupe par l'Université royale des Beaux-Arts en 1965. Cette troupe composait des pièces utilisant des conceptions occidentales tant pour la construction du texte (souvent condensé) que pour l'organisation scénique (les décors en volume s'ajoutent aux traditionnelles toiles peintes, l'utilisation des projecteurs se développe, les trucages du harnais pour l'envol de Garuda ou celui qui fait se rencontrer deux flèches enflammées tendent à disparaître).