Au plus fort de la décrue, certaines espèces de poissons
migrent en banc du Grand Lac vers Pnom Penh et le Mékong. Les patrons
de pêche installent alors des grands barrages (daï) en
amont de la capitale. Ces daï, barrages de bambou et de filets, véritables
pièges à poissons, peuvent atteindre deux cent mètres
et plus. Ils sont installés début décembre et se retrouvent
tout le long du Tonlé Sap jusqu'à Phnom Penh. Ils permettent
de capturer jusqu'à 75 % des petits poissons de moins de 10 centimètres
qui serviront à la fabrication du prahoc. Un daï permet de
capturer 400 tonnes de poisson par saison. Le coût "officiel" de
l'emplacement d'un daï est de 2 000 dollars. (saison 96-97)
Le daï est un piège fixe tenu par des radeaux de bambous ancrés, formant des sections de 25 mètres de long sur 10 mètres de profondeur. Les mailles se rétrécissent de 10 cm à l'entrée du piège pour 10 mm à l'autre extrémité où un panier de rotin est fixé.
Les pêches sont particulièrement miraculeuses pendant les
pleines lunes de décembre, janvier et février. Kompong Chhnang
est la principale région productrice (près du quart du total
estimé à 70 000 tonnes en 96-97, suivie de Phnom Penh et
Siemreap).
Le fretin est immédiatement vendu aux riverains, les Khmers-Islam
(Cham)
qui préparent le prahoc (pâte de poisson fermenté).
Ils vident les poissons vivants et les laissent gonfler au soleil avant
de les entasser dans des paniers circulaires, puis ils piétinent
cetre masse de chair pour la réduire. Mélangée à
du sel, elle se conserve toute l'année dans des jarres.
Très friands de prahok dont il existe diverses qualités
selon le poisson utilisé, les paysans viennent l'échanger
contre du riz.
Ils le consomme pur ou ajouté de porc, avec des crudités,
ou comme accompagnement du riz.