Le Thnot ou palmier à sucre

Texte : Jérôme ROUER, déc 96.

Le Borassus flabellifer, élément typique de la grande plaine Cambodgienne, paraît avoir été importé de l'Inde méridionale au début de notre ère. Il n'est pas réellement cultivé, mais il ne se reproduit pas sans le concours de l'homme : il faut le semer.

Comme le cocotier c'est un commensal du paysan qui le propage par semis autour des maisons et villages, le long des chemins et sur les diguettes.

Il fournit du sucre, et sa sève est consommée en jus ou transformée en vin de palme.

La sève est récoltée dans la couronne de l'arbre par section des inflorescences.
 
 

Les arbres exploités se voient affublés d'un bambou formant échelle de perroquet, maintenu par des liens de rotin. De décembre à fin juin, le paysan y grimpe deux fois par jour pour récolter la sève accumulée dans les deux ou trois récipients qu'il a installé.

La récolte de 30 palmiers représente une escalade de 1 000 mètres par jour!
C'est cependant une activité dangereuse, pour ne pas dire suicidaire : seuls les jeunes des familles les plus pauvres exercent ce métier, faisant en moyenne quelques deux kilomètres d'escalade par jour.. Statistiquement, ils ont toutes les chances de mourir par accident dans l'année....
 
 

Après cuisson, ébullition pendant 3 à 4 heures, des quelques 400 litres de sève obtenu par saison, chaque Thnôt donne 60 à 70 kg d'un sucre blond ou brun au goût spécifique souvent agréable qui demande a être raffiné pour donner du sucre de qualité.

En sus de ces produits alimentaires le Thnôt fournit des fruits, des feuilles employées pour construire les huttes traditionnelles.... et du bois de chauffage lorsqu'ils ont fait leur temps...

Depuis 1970, les guerres en ont détruit un grand nombre. Puis, les Khmers rouges, hantés par la productivité des rizières, avaient classé cet arbre comme nuisible... Dans les années récentes, une exploitation trop intensive a encore accélérée la disparition annoncée de cet agréement des plaines cambodgiennes.