Cambodgien, Vietnamien : aucun point commun...

1- Florilège de citations.
2- Signes distinctifs.

Lire aussi les extraits du roman de Loup Durand, Jaraï et Traits de caractère.


1- Florilège de citations :

On peut affirmer que notre malheureuse tendance à identifier les deux pays antagonistes... et l'habitude prise de traiter le Cambodgien comme un annamite furent l'ultime malheur du royaume. ( Dr PANNETIER, 1918 )

"L'Union Indochinoise - d'origine exclusivement financière - aboutira à livrer le Cambodge à son ennemi séculaire"........ N'est ce pas ce que risque de provoquer l'A.S.E.A.N avec son libre droit de circulation des hommes... ?


Pour dénommer les Annamites le Khmer parle de "Yuon", mot dérivé du sanscrit Yavana, équivalent à Barbare du Nord ; de leur côté, les fils d'Annam ne manquent guère une occasion de bafouer les vaincus, les anciens maîtres du pays (qu'ils appellent "Thô;" en dérision).
Histoire ( Dâm tè ong), toujours racontée, du Bassac : Trois par trois des Cambodgiens sont amarrés au sol de sorte que leurs têtes viennent s'opposer en triangle. C'est sur ce trépied pensant que le vainqueur, le tortionnaire d'Annam, va poser sa marmite pour cuire son riz ou faire bouillir son thé en hurlant "Ne bougez plus! Vous renversez le thé du Maître"...

Il existe nulle part au monde deux peuples voisins plus éloignés par les moeurs et la culture. L'une est d'origine indienne et n'intègre presque aucune culture chinoise, l'autre n'est que chinoise et a détruit, il y a quelques quatre siècles, les Cham, frères des Khmers en civilisation .

Depuis 1432, les Khmers sont d'éternels vaincus, les Vietnamiens d'éternels vainqueurs. Ceux-ci s'adaptent, résistent, trompent et triomphent, ceux-là, rustiques, timides, isolés, se recroquevillent, renoncent, fuient ou disparaissent. Le Vietnamien est ressenti comme l'ennemi héréditaire . Il a suffit à Pol Pot, d'abord allié aux Vietnamiens, de prêcher la croisade anti-vietnamienne pour que le peuple des campagnes le suive aveuglément...

Le Vietnamien regimbe et hurle, le khmer supporte et se tient coi : en 1916 les mêmes erreurs qu'au Vietnam furent commises pour les opération de recrutement des "volontaires"pour les corvées de construction de routes.. Au Cambodge, les menottes suffirent et tout se passa sans bruit. L'intimidation des autorités indigènes, pour lesquelles les corvées étaient un moyen de s'enrichir, suppléa aux moyens physiques.

La religion khmère est le Bouddhisme du Petit Véhicule alors que les Annamites pratiquent le Bouddhisme du Grand Véhicule : le clergé jouit d'un grand prestige alors qu'il est dédaigné en Annam. Les morts sont incinérés à la différence des chinois qui inhument.

Le Khmer est fils de l'eau et de la forêt. Soumis à l'alternance des inondations et de la sécheresse, il vit en habitat familial dans des maisons perchées sur pilotis. Le Vietnamien aime la promiscuité et la vie en sampan ou en village, serrés les uns contre les autres, maisons ou huttes de plain-pied.
Le village cambodgien ne présente aucune analogie avec la commune vietnamienne. Il n'existe aucun pouvoir communal qui serait exercé par des délégués des habitants. Le pouvoir et la gestion appartiennent aux fonctionnaires.

Le Khmer a vécu de tout temps sous un régime féodal tout à fait distinct du régime mandarinal, communaliste, oligarchique des civilisations chinoises De tous temps le fonctionnaire khmer s'est efforcé de faire rendre sa charge, considérée comme une ferme, au maximum. Comme l'on dit en khmer "il mange" la place qu'il a achetée.

Autant l'Annamite possède une belle assurance, parait armé d'une superbe confiance en soi, autant le Cambodgien semble, au premier abord, humble et désemparé.

Du temps du Protectorat il était de règle d'importer sa domesticité vietnamienne, le Khmer n'ayant jamais manifesté de goût pour les fonctions ancillaires.
Après l'indépendance, tout le commerce et l'industrie fut aux mains des Chinois, l'artisanat aux mains des Vietnamiens. Le Khmer n'ayant jamais manifesté de goût pour le les affaires, sauf à servir de prête-nom .

Autant le Chinois sait de montrer dédaigneux pour tout ce qui n'est pas chinois, autant l'Annamite est volontiers gouailleur et sarcastique, autant le Khmer, hindou d'éducation, est respectueux et impassible en toutes circonstances.

Ses moeurs privés sont beaucoup plus réservés que ceux des peuples environnants : la pudeur est une des caractéristiques de l'art khmer. Le caractère chaste de la statuaire d'Angkor qui a horreur des nudités complètes est un trait profondément cambodgien. Cette disposition de pudeur innée se retrouve dans les moeurs actuelles et contraste fortement avec les comportements des peuples voisins.

Sil sait quelque chose imparfaitement, le Khmer dira qu'il ne sait pas. Chinois et Vietnamiens pratiquent de façon contraire.

Physiquement le khmer est légèrement plus grand de la moyenne de tous ses voisins. En rien il n'a le type asiatique que lui donne petit à petit des générations de métissage chinois ou vietnamien.


2- Signes distinctifs.