Le Mal Cambodgien

par Marie- Alexandrine Martin, Hachette 1989.


Un livre très riche en informations politiques et en réglements de compte. Le chapitre 1 est une brillante démonstration du blocage institutionnel de la société cambodgienne et mérite une lecture attentive par toute personne venant s'installer au Cambodge.

Lire aussi "Autres écrits sur Ieng Sary"


Passages concernant Ieng Sary

(ces textes ont été publiés par Cambodge Nouveau du 15 octobre 1996, quelques jours après l'amnistie de Ieng Sary. Photo de la même époque.) :

leng Sary, de son vrai nom Kim Trang, est originaire du Kampuchéa Krom (Vietnam du Sud ; soupçonné par certains intellectuels cambodgiens comme espion vîetnamien déguisé en khmer du Kampuchea krom).

Il s'installe chez un oncle à Phnom Penh pour faire ses études en khmer. C'est de ce moment que date son changement d'identité (...). (C-C : sa nationalité cambodgienne lui aurait coûté 13 Riels de l'époque).
Il passe la première partie du baccalauréat au lycée Sisowath et arrive en France en 1949 pour la seconde partie. Il s'inscrit ensuite à des cours d'économie qu'il suit sans grande assiduité. Il habite un studio rue Saint- André-des-Arts (... ) Il épouse Khieu Thirit, licenciée en anglais (C-C : diplômée de la Sorbonne et apparentée à la famille royale). A l'inverse de Saloth Sar (Pol Pot), qui a épousé la soeur de Thirit, Khieu Ponnary, il s'attardera huit ans en France, jusqu'en 1957 (...).

"C'est un homme très intelligent, complexé parce qu'il est khmer krom, ayant une haine viscérale des Vietnamiens (...), très rancunier ( . .), comportement féodal (. . .), beaucoup lu, connait bien le marxisme, habile politicien. "Il se dégage de lui un grand esprit calculateur".

Pol Pot/leng Sary

Quand il rentre au Cambodge, leng Sary trouve Pol Pot "écouté dans les maquis encore rudimentaires où il est perçu comme le chef (..). Il doit donc se contenter de la seconde place. En revanche à partir de 1975 il a la haute main sur les Affaires étrangères (...). Avide de pouvoir, il avait casé sa famille à des postes importants, il avait une structure bien organisée (...).
Pol Pot. Ieng Sary, Khieu Thirith et Khieu Ponnary sont probablement les personnalités les plus dures du régime khmer rouge. Ils haïssent tellement la monarchie et la bourgeoisie qu'ils en parlent uniquement pour les vilipender et exprimer le souhait de les réduire en miettes. L'esprit de vengeance seul les guide (...).
"La bande des cinq comprend Pol Pot, leng Sary, leurs épouses respectives et Khieu Samphan (...)

Mégalomanie

"La révolution culturelle chinoise inspire les khmers rouges. En 1975 elle leur sert de modèle pour imposer leur dictature ( .) Mais la révolution khmère rouge se déroule dans l'irréalisme. Le Kampuchéa démocratique doit surpasser la Chine et servir de modèle au tiers-monde (..)"

"Ainé numéro 2"

Ieng Sary a été notamment chargé des intellectuels et diplomates vivant à l'étranger que l'Angkar, plus précisément leng Sary lui-même, a engagés à rentrer au Cambodge en 1976.
A leur arrivée, ils sont envoyés dans les camps de Boeung Trabek et de Stung Treng. Sur environ un millier, 250 ont survécu. On a retrouvé les biographies de ceux là, annotées de la main de leng Sary, qui les adressait à "ainé n°1 (Pol Pot) et signait "ainé n° 2". "Les auteurs des biographies jugées douteuses figurent en majorité sur la liste du camp d'extermination de Tuol Sleng"

Grâce à Ta Mok

"Dès le départ, les clans idéologiques existent (chefs de la région Ouest soutenus par les Thaïlandais, chefs de la région Est soutenus par les Vietnamiens et "nombre de mouvements menés à l'initiative de khmers et dirigés avant tout contre les excès du régime et ceux qui les permettaient ). Le clan Pol Pot-leng Sary veut dominer seul et a lui-même massacré dans les maquis des partisans de Sihanouk (...). Le clan Pol Pot-leng Sary sort vainqueur parce qu'il dispose de Ta Mok et de son armée de jeunes tueurs disciplinés (...)".