La Musique Mohori

TEXTE : Luc YNIESTA / Jérôme ROUER
Version : 1/08/96
Lire Mahori Khmer : étude culturelle par Mme Saveros Pou in Cahiers d'études franco-cambodgiens N° 5 édité par le service culturel de l'ambassade de France à Phnom Penh.


La musique Mohori appartient au genre divertissant.
Bien que d'origine royale, elle est désormais populaire et en constante évolution.

Elle est en effet née et fut nourrie à l'ombre des cours royales au Cambodge, au Siam et au Laos. Par contre, contrairement à l'ensemble orchestral Pin Peat qui s'adresse à des divinités, le Mohori est destiné aux humains. C'est donc essentiellement un style divertissant fait par et pour la noblesse qui se distrayait en exaltant les thèmes affectifs, les instincts et les états d'âme des hommes, au point de "ravir leur âme", pour reprendre l'étymologie sanskrite du terme Mohori.

La musique Mohori est ainsi soumise aux goûts des hommes, à leurs modes, et privilégie les instruments à son doux (la flûte Khluy) et les instruments à cordes (Krapeu, Tro Chhé, Tro Sor et Tro Ou) au côté des percussions (les xylophones Roneat Ek et Roneat Thong, les tambours Skor Romonea, les cymbales Chhing).

Le Mohori courtois connut au XXème siècle un phénomène d'acculturation populaire. Ce phénomène atteint dans un premier temps les milieux urbains, puis, avec le développement de l'éducation à partir des années 1940, les milieux ruraux. Cet engouement se doubla progressivement d'inspiration créatrice chez le peuple dont le résultat fut la création d'un genre musical similaire (le Mohori Samay) utilisant des instruments occidentaux : banjo, violon, mandoline...

Il est notable que ce phénomène ne perturba aucunement le Mohori classique ("Mohori Boran"), jamais rejeté, respecté et servant de modèle au Mohori moderne.