Les Quatre-Bras ou " "Chakdomuk" "

Le Mékong Le fleuve Tonlé Sap Le Bassac

Etude sur le Grand Lac ou Tonlé Sap.

Jérôme ROUER, Màj oct 97


A l'origine, le palais royal de Phnom Penh fut construit face à un des sites naturels les plus insolites et extraordinaires du monde : la confluence du Mékong avec deux autres rivières, le Bassac et la Tonlé Sap. Ce site est désigné sous le nom de chatomouk ou les Quatre-Bras.

Jour après jour, les dépôts d'alluvions ont déplacé cette confluence à quelques centaines de mètres plus au sud. Aujourd'hui le palais se trouve planté sur la berge sud du Tonlé Sap, rivière elle même des plus curieuses : le sens de son courant s'inverse une fois tous les ans, à la fin de la saison des pluies (octobre-novembre)

Des courants contraires et parfois extrêmement violents font que toute intervention sur les berges, rectification ou simple fixation, peut avoir des conséquences spectaculaires. Par exemple, la construction de l'hôtel Sofitel-Cambodania a provoqué l'émergence d'une île d'alluvions qui bientôt prolongera la rive opposée à l'hôtel et accélère le dépôt sédimentaire qui gêne l'entrée dans la Tonlé Sap.

Autre évolution spectaculaire, l'entrée du Bassac se modifie et, par érosion de sa berge dite du Noréa, se déplace à grande vitesse.

Le Mékong : 4.200 Km, 15.000 m3/sec en avril, 60.000 m3/sec en été...

Dixième fleuve du monde.

Mé Kong signifie "mére des fleuves".
Aux Quatre-Bras le Mékong se trouve à une altitude de 12 mètres. Il lui reste 200 km pour rejoindre la mer de Chine méridionale, ce qui fait une pente bien faible pour un fleuve aussi tumultueux... En période de hautes eaux le Bassac, orienté plein sud, lui sert de dégagement jusqu'au territoire vietnamien où il se confond avec l'imposant delta du Mékong (9.600 km²).

Avant d'arriver aux Quatre-Bras le Mékong a traversé le Nord du Cambodge, servit de frontière entre le Laos et la Thaïlande (sur 1635 km), puis entre le Laos et la Birmanie (sur 228 km), traversé le Yunnan par des gorges profondes, et pris naissance dans les monts Tanggula, au Tibet à 4.875 mètres d'altitude...

Il draine un bassin de 800.000 km² (dont les 2/3 en Indochine), et délivre un débit moyen annuel de 17.000 m3/seconde.

Parcours laotien :
1.500 km de cours , 15 affluents importants : mais au total uniquement 800 km navigables toute l'année.
Altitude: 440 m à l'entrée, 90 m à la sortie.
Le cours supérieur est particulièrement difficile (rochers et rapides), devient étal à Luang Prabang,

Dans le bief coquet (325 m) où Luang Prabang tout entier se mire, le Mé-Khong est libre des obstacles rocheux qui ailleurs l'encombrent et le font gronder. Il frissonne à paine sous la brise Nord-Est qui nous rafraîchit et offre l'image d'un étang tranquille dans un cadre orné de décors exquis. (Auguste Pavie)

redevient délicat jusqu'à Vientiane (les rapides de Keng Lang avaient nécessité la construction d'un chemin de fer de 5 km pour transborder marchandises et voyageurs).
La partie Vientiane-Savannakhet (à Vientiane le Mékong est large de 2 km, sont lit est à une altitude de 170 mètres, il lui reste 1.600 kilomètre pour atteindre la mer) est sans problèmes, mais rejoindre la frontière cambodgienne n'est pas une partie de plaisirs...

Parcours cambodgien :
Altitude: 90 m à l'entrée, 13 m à la sortie.
Dans le nord du Cambodge, de la frontière laotienne (Rapides de Khone) jusqu'à Kratié, le Mékong offre de nombreux rapides et peut atteindre des profondeurs allant jusqu'à 40 mètres.
Après Kratié, le fleuve entre dans la plaine et l'inonde régulièrement. Une partie de ces eaux d'inondations parcoure la campagne pour aller remplir le Grand Lac. Il s'agit d'une contribution modeste mais nécessaire à l'équilibre du lac.

Début juillet, au commencement de la saison des pluies, l'élévation du cours du Mékong provoque une concurrence entre son flux et celui de la Tonlé Sap, issue du Grand Lac. A l'équilibre, le flux d'eau est retenu dans le Grand Lac. Après cette période où le courant est nul, le flux s'inverse et le surplus des eaux du Mékong (environ 20 % de son flot total) se déverse dans le Grand Lac qui double de surface et va bouleverser, par inondation, la nature cambodgienne sur une surface de près de 67.600 km².

Le Tonlé Sap, un fleuve étrange...

Ainsi, pendant une centaine de jours, de juillet à début octobre, une partie des eaux du Mékong se déversent dans le cul de sac du Grand Lac.

Bien que l'entrée de la rivière présente un haut-fond d'alluvions qui nécessite un dragage régulier, c'est encore la Tonlé Sap qui accueille le port de Phnom Penh. Autrefois des bateaux de mer ayant un tirant d'eau de 5 mètres 10 pouvaient y accoster toute l'année. (le trafic maximum du port fut atteint en 1963 avec quelques 963 000 tonnes de fret). Pour l'avenir, il est projeté (depuis 1940 !) de déplacer ce port sur le Mékong, au nord des Quatre-Bras.

La Tonlé Sap est navigable toute l'année sur 102 km, jusqu'à Kompong Chhnang. Au delà, la partie Kompong Chhnang/embouchure du Grand Lac (53 Km) comprend de nombreux et immenses bras. Le balisage est perdu et la navigation est délicate (1997).
L'entrée du grand lac, par la passe de Snoc Trou, est franchement hasardeuse en saison sèche : la profondeur peut descendre à 0 mètre 80 alors qu'elle est de plus de 2 mètres en hautes eaux.

Le Bassac

Conséquence de la déformation des rives des Quatre-bras le courant du Bassac a tendance à diminuer. Il n'est navigable que pour les barques et offre peu d'intérêt autre que touristique.