Le groupe de ROLUOS

Preah KoBakongLoleï
Jérôme ROUER, janv 97


Roluos, situé à 24 km à l'est de Siemreap, regroupe trois temples d'inégale importance construits entre 850 et 893, avant le déplacement de la capitale vers Angkor, située trois kilomètres à l'ouest de Siemreap.
Source du Royaume khmer, les restes d'architecture de Roluos font irrésistiblement penser aux temples javanais de Borobodur et de Prambanan (mais ce dernier aurait été reconstruit ultérieurement...)


Preah Ko (le boeuf sacré)

Le Preah Ko (879), temple funéraire de Jayavarman II, fondateur des dynasties angkoriennes, et de ses ancêtres, se compose d'une plate-forme supportant six tours de briques alignées trois par trois sur deux rangs l'une derrière l'autre, au sein d'une enceinte carrée de plus de 100 mètres de coté.

Une des six tours...

Le premier rang de tours devait représenter les ancêtres mâles, le second les ancêtres femelles...
Remarquer les dernières traces de stuc sculpté et les encadrements de portes. (splendides colonettes octogonales).


Bakong

Le Bakong, (881) premier temple-montagne connu. Anastylose en 1936 par Marchal.

Première grande réalisation angkorienne en grès, un temple-montagne-cité délimité par deux enceintes successives alternant avec deux douves.
En 1936, ce n'était qu'une butte de terre, un total chaos. Ce temple a été reconstruit pierre par pierre.
Quelques 7 000 habitants devaient y résider. Le baray dit de Lolei (voir ci-dessous), asséché, lui était associé.

Il s'agit d'une montagne artificielle composée de 5 terrasses superposées allant de 65 x 67m à la base pour terminer à 20 x 18m. Cette pyramide culmine à 14 m de haut.(la tour sommitale date du XII°).
Sur le plan architectural, il est d'une limpidité parfaite, sans recherche d'effets tels qu'en possèdent les temples postérieurs. Les escaliers sont faits de marches confortables et les berges de chaque terrasse permettent une circulation aisée. La vue et le cadre, si ce n'est la présence d'une pagode attenante, sont des plus enchanteurs.

La ressemblance avec Borobodur (Indonésie, temple bouddhique antérieur de 50 ans) est étonnante. Borobodur est cependant deux fois plus grand et d'une décoration incomparable.


Loleï et son baray

Le Loleï (893)est situé au centre d'un baray asséché. Il en reste quatre tours de brique, fort délabrées, posées sur un immense soubassement à deux niveaux.
La terrasse formée par ce soubassement est essentiellement occupée par une pagode et ses dépendances.

Commencé vers 877, terminé par Indravarman (9éme siècle) le baray de Loleï est le premier grand ouvrage hydraulique que nous connaissions. De taille colossale, c'est un rectangle parfait de 3.800 mètres de long sur 750 de large, construit entre des digues parfaitement rectilignes dont la hauteur varie de 2 à 5 mètres. Il pouvait contenir 10 millions de m3 d'eau pour un volume de terrassement de 1 million de m3.
Il est alimenté par la rivière Roluos qui a été détournée à cette fin.
Remarquons que, comme pour les autres barays, il est quatre fois plus long que large, qu'il s'insère perpendiculairement sur la pente de la plaine descendant vers le Grand Lac, petit côté du rectangle vers le point bas : choix qui permettent d'emmagasiner un maximum d'eau par rapport à un volume minimum de terre à déplacer pour l'édification des digues et qui respectent les coutumes religieuses.