Les partis politiques du Cambodge en 1996-1997

Jérôme ROUER, janvier, août 97.

Lire aussi La République khmère de ROS Chantrabot.


Depuis toujours la vie politique cambodgienne est particuliérement désastreuse. Elle se résume à des confrontations de clans dont la seule morale est l'enrichissement : le pouvoir donne les dollars qui permettent d'entretenir une force de frappe qui permet de garder le pouvoir...

Sur les vingt partis créés pour les élections organisées par l'APRONUC en 1992, quatre, dont un seul monopolise le pouvoir, sont représentés à l'Assemblée Nationale :

  1. Le FUNCINPEC : Front d'Union Nationale pour un Cambodge Indépendant, Neutre et Coopératif
    A l'origine front d'une vingtaine de groupes qui combattaient l'occupation vietnamienne, transformé en parti pour les élections de 1992..
    Créé par le roi et présidé par son fils, Norodom Ranariddh, premier Premier Ministre jusqu'en juillet 1997, date à laquelle il fut considéré comme destitué.
    45,47 % des voix, 58 siéges sur 120.
    Secrétaire Général : Norodom Sirivudh (jusqu'en 1996 où il fut obligé de s'exiler) puis Loy Sim Chheang.
    En mai 1997, Toan Chaï, gouverneur de Siem Reap, tenta de prendre la direction du parti et créa un FUNCINPEC-bis.
    En juillet 1997, tous les locaux du FUNCINPEC furent pillés par les milices PPC. Ranariddh et les principaux cadres du parti s'éxilèrent. Depuis lors le Funcinpec s'est fractionné en plusieurs clans.

  2. Le PPC : Parti du Peuple Cambodgien, nom nouveau donné au PPRK (Parti Populaire Révolutionnaire du Kampuchea) en 91.
    Président : Chea Sim, Président de l'Assemblée nationale ou, en cas d'absence du roi, Chef de l'Etat. (Les deux fonctions ne sont pas compatibles)
    Vice-président : Hun Sen, actuellement unique premier ministre.

    38,22 % des voix, 51 siéges sur 120.
    Reste profondément marqué dans ses méthodes par le communisme dont il est issu. (Liste des membres du Comité Central 1997)

  3. Le PLDB : Parti Libéral Démocratique Boudhiste issu du Front National de Libération du Peuple Khmer en 92.
    Président : Son Sann. Une décision de justice de septembre 1997 donne la présidence à Ieng Mouly, ministre de l'information.
    3,81% des voix, 10 siéges sur 120.
    En 1995 le PLDB s'est scindé en deux factions. L'une dirigée par Ieng Mouly, ministre de l'information et proche du PPC, l'autre restant dirigée par Son Sann. En septembre 1997 une première décision judiciaire confirma Ieng Mouly comme président du PLDB.

  4. Le Molinaka, Mouvement de Libération Nationale du Kampuchea
    1,37 % des voix, 1 siége sur 120

Les autres partis :

En 1996, Sam Rainsy, ex-ministre des finances et ex-parlementaire FUNCINPEC congédié en 94, crée le PARTI de la NATION KHMERE (PNK), parti immédiatement déclaré illégal par le Gouvernement.
En 1997 il se rallia au FUN, regroupement éphémère des partis favorables au prince Ranariddh. Ce même FUN disparut le 6 juillet 1997 au profit de l'UDC (Union des Démocrates du Cambodge), parti créé par les politiciens réfugiés à l'étranger.
En avril 1997, une manifestation autorisée menée par Rainsy fut l'objet d'un grenadage qui fit, officiellement, 12 morts.
Sam Rainsy s'exila lors du putsch de juillet 1997. Les locaux de son parti furent pillés par les milices du PPC, et un certain KONG Mouny en prit la direction.
Ieng Sary, ex numéro 2 du règime Khmer rouge, annonça la création de son propre parti, le Mouvement d'Union Nationale Démocratique, MNUD, dès qu'il obtint, en échange de sa reddition, une amnistie royale. Ce parti n'a pas fait l'objet de commentaires désagréables...