ANGKOR VAT

Première moitié du XII éme, dégagement 1908-1911


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Lire aussi la description d'Henri Mouhot, "découvreur" du site
Compléments sur l'histoire d'Angkor Vat
Angkor au XVI° siècle
Les bas-reliefs d'Angkor Vat

Présentation de Jérôme ROUER et de TEP Navuth, juin, sept 97.


L'apothéose classique : le plus soigné et le plus grand des temples de la péninsule indochinoise, un des dix plus grands monuments de l'antiquité, le symbole universel de l'art khmer.
Mais Paul CLAUDEL, insensible aux magnifiques effets de perspective qui sont sa caractéristique majeure et exceptionnelle, n'y vit que "cinq ananas de pierre frangés de flammes".

Construit sous le règne de Suryavarman II qui le dédia à Vishnou, restauré au XVI° par le roi ANG CHAN qui en fit un temple à la gloire de Bouddha, Angkor Vat n'a jamais été réellement abandonné et fut toujours plus ou moins bien entretenu par les moines qui avaient installé leurs pagodes dans l'enceinte. (pour plus de détails, cliquez sur histoire d'Angkor Vat)
Il a fallu cependant trois ans à Jean Commaille pour enlever la végétation qui encombrait les cours et les terrasses.

Plan-masse

C'est l'un des rares temples orientés vers l'ouest.
Entouré d'une douve large de 190 m, longue de 5,5 km, il s'inscrit dans un rectangle de 1 500 m sur 1 300 m et couvre au total une surface de 2 km².
Les deux rives de la douve, soit 11 km linéaires, sont traitées en escalier à l'aide de blocs uniformes de pierre taillée.
Une première chaussée-digue de 250 m traverse la douve. Large de 12 m, dallée en grès, anciennement bordée de naga-balustrades, elle forme une voie solennelle d'accès à la cité-temple.
Cette digue aboutit à une première structure longue de 235 m, comprenant une entrée principale monumentale et des entrées latérales de plain-pied pour les chars et les éléphants.

Une nouvelle chaussée large de plus de 9 m et longue de 350 m conduit jusqu'au temple lui même. Des escaliers latéraux permettent de descendre vers ce qui était la ville des dignitaires et des prêtres.
De part et d'autre de cette chaussée dallée on trouve deux grands bassins rectangulaires de 65 x 50 m ( E ) et deux édifices annexes, dits bibliothèques ( D ), de dimensions remarquables compte tenu des techniques architecturales utilisées.

Le temple lui même est bâti sur une terrasse de 340 m sur 215 m. Il est précédé de galeries pourtournantes dont les murs montrent un fantastique ensemble de bas-reliefs.
Le corps central (187 x 215 m) est couronné par cinq tours en forme de tiare dont la centrale culmine à 63 m.

Ce temple était le centre d'un complexe urbain sur lequel vivait environ 20 000 personnes. ANGKOR VAT, nom moderne, signifie d'ailleurs "la ville royale qui est devenue un monastère bouddhique"
Les frises de la première enceinte courent tout autour du temple sur plus de 800 m de long (2.000 m² de surface !) : le peuple était admis à pénétrer jusqu'ici, mais pas plus loin. Il pouvait alors "lire" une véritable bible des pauvres, au sens médiéval du terme.

Le temple comprend trois étages.
L'entrée au premier étage se fait par un remarquable préau cruciforme qui joint la galerie des bas reliefs à celle de la deuxième enceinte.
L'accès du second étage est réservé aux prêtres qui se sont retirés du monde pour se livrer à la méditation: La galerie qui l'entoure est totalement fermée vers l'extérieur, l'architecture est dépouillée.

Par des escaliers abrupts et vertigineux (ils sont inclinés à 70 degrés!) le visiteur escalade un énorme soubassement, haut de 13 m et de 60 m de coté, qui supporte le couronnement des cinq tours.




Ce troisième étage supporte le sanctuaire, consacré à Bouddha depuis le XVI° siècle, pièce qui n'excède pas 5 m², et qui n'était accessible qu'au roi et au grand-prêtre. Ouvert sur l'ouest (de nuit on peut voir la flamme d'une simple bougie à partir des douves) il semble planer dans l'espace, comme soulevée par les fusées de ses cinq tours. Son architecture défie l'analyse et provoque immanquablement un choc émotionnel, si ce n'est religieux.

Le temple de Beng Meala, situé à 20 km au nord-est, reproduit, mais à plat, sans les terrasses surélevées, le temple d'Angkor Vat.
Une autre copie avait été contruite en Thaïlande.

Décoration

La décoration d'Angkor Vat diffère de celle des temples antérieurs. Elle ne sert plus à souligner les lignes architecturales qui sont ici extrêmement puissantes. C'est au contraire un habillage des murs et de toutes les surfaces planes par des ciselages de motifs en draperie et quelques 1.800 apsara en bas-relief. Nul autre temple n'illustre autant l'horreur du vide de la nature artistique khmère.
Tous les piliers sauf un sont de section carrée. Celui en forme de colonne, au dernier étage, est un pilier de réemploi qui fut placé tardivement pour remplacer l'original.