Les temples par les rois



Présentation de Jérôme ROUER, novembre 1996, février, août, octobre 1997.
Les grands rois :
Yaçovarman (899) Suryavarman II (1113) Jayavarman VII (1181)

Notes


La première dynastie (802 - 1002)

Le premier roi qui s'installa dans la région d'Angkor, Jayavarman II, "Le protégé de la Victoire", fut aussi le fondateur de la première dynastie.
Il régna de 802, année où il se proclama souverain universel ("Cakravartin") au Phnom Kulhen, à 850.
Bien qu'autoproclamé "Cakravartin", il n'était que le roi d'un royaume parmi d'autres...tout aussi indépendants.
On lui doit l'introduction du culte du Dieu-Roi.
Il déplaça souvent sa capitale mais termina sa vie dans la région de Roluos.

Son fils, Jayavarman III (854-877), puis son successeur, un lointain neveu riche de plusieurs royaumes, Indravarman I, ("Le protégé d'Indra", 877-889) résidèrent à Roluos et commença à vassalisèrent d'autres petits royaumes.
On doit à Indravarman les monuments de Roluos : le Baray de Loleï ou Indratataka, le Prah Ko, le Bakong

Yaçovarman I

Fils d'Indravarman, Yaçovarman I, élevé dans la plus pure tradition civaïste, affilié par sa mère aux plus hautes familles des anciens royaumes qu'il regroupa, fut le premier à s'installer sur le site même d'Angkor, au Phnom Bakheng, en 900, un an après son sacre.
Il est considéré comme le fondateur de l'empire et régna vingt ans.
On doit à Yaçovarman : l'achévement du Loleï sur le site de Roluos, les temples des trois collines (phnom) de la plaine d'Angkor : Phnom Bakeng, et sa ville disparue, Phnom Krom, Phnom Bok, et le Baray oriental.

Successivement régnèrent deux des fils de Yaçovarman : Harshavarman, "Le protégé du Bonheur" et Içanavarman, "Le Protégé de Civa".

En 921, une brouille de famille fit que Jayavarman IV , oncle du roi, fit sécession et déplaça la capitale à Koh Ker pendant que le souverain légitime restait à Angkor jusqu'à sa mort... Pendant 7 ans (jusqu'en 928) il y eut deux rois, l'un à Angkor, l'autre à Koh Ker.
Koh Ker (70 km à au nord-est d'Angkor) fut la capitale de 921 à 944. La ville fut abandonnée trois ans après la mort de son fondateur. Angkor ne redevint capitale royale qu'à la mort du fils de Jayavarman IV, à l'avènement du règne de Rajendravarman ("Le Protégé du roi Indra", 944-968).
La mère de Rajendravarman était une des soeurs de Yaçovarman, reine d'un royaume du nord symbolisé par le Vat Phu, qui se rallia à la couronne de son fils.
On doit à Rajendravarman : le Mébon oriental, le Pré Rup, le Phimeanakas. et des monuments érigés par des hauts dignitaires : Bat Chum (953), petit temple bouddhique mahayanique, le Bantéa Srei, (967, bâti par et pour le compte d'un brahmane) et le Prah Enkosei bâti par un brahmane venu d'Inde et qui avait épousé la fille du roi.

Son très jeune fils lui succéda en titre, en 968, sous le nom de Jayavarman V.
Dans les faits les brahmanes influents du temps de son père dirigèrent le royaume jusqu'à la mort du roi survenue dans ses quarante ans, vers 1001.
On doit à ce règne : la finition du
Bantea Sreï, le Ta Kéo.


La seconde dynastie (1002-1080)

Jayavarman V ne laissa pas d'héritier. Dix années de troubles et de désordre s'en suivirent. Deux prétendants, dont le futur Suryavarman I, s'opposèrent jusque vers 1010.
Suryavarman I, finalement un usurpateur "qui prit le royaume à un roi au milieu de la foule des autres rois" au bout de neuf ans de guerre, était un prince guerrier et bouddhiste que les Chroniques de Chieng Maï donnent d'origine malaise...
Il mourut en 1050, après cinquante ans de règne.
Ses deux fils gardérent le pouvoir jusqu'en 1080.
On doit à Suryavarman et à ses fils : l'achèvement du
Phimeanakas et notamment de sa galerie voutée du dernier étage, les gopuras du palais-royal, des parties du Preah Vihear et du Prah Khan de Kompong Svay, le Phnom Chisor.
Son premier fils, Udayadityavarman, qui régna 16 ans, fit creuser le Baray occidental au centre duquel il éleva le Mébon occidental et, au centre de sa ville, il construisit "l'ornement des trois mondes", le Baphuon.


La troisième dynastie (1080-1160)

Une période trouble et troublée suivit la mort du dernier fils de Suryavarman I (1080). Un second usurpateur, Jayavarman VI, qui avait un royaume dans le nord du Cambodge mais était nullement de famille royale, créa ou contribua à créer, grâce à la trahison des brahmanes, une troisième dynastie qui dura jusqu'en 1160.
On doit à Jayavarman VI : Preah Vihear, Pimai, Vat Phu

Suryavarman II



Suryavarman II (1113-1145/1155 Surya = soleil, donc le Roi-Soleil) prit le pouvoir en tuant son oncle, roi et frère de Jayavarman Vl.
Il fut presque l'égal de l'empereur de Chine qui le reconnaissait comme son "grand vassal".
Son règne qui fut l'un des plus glorieux d'Angkor fut suivit de 30 ans de troubles suffisament graves pour mettre le royaume en péril.
On doit à Suryavarman (entre autres) : la finition du
Preah Vihear, et du Vat Phu, et surtout, Angkor Vat


L'occupation Cham

Vers 1160 un troisième usurpateur, simple mandarin, assassina le roi Yacovarman II, et régna jusqu'à l'occupation Cham de 1177.
La flotte cham, dirigée par un Chinois, remonta le Tonlé Sap en grand secret, débarqua à Angkor et s'empara de la ville après de sanglants combats. Le roi fut tué, la ville saccagée et pillée.
Cette occupation dura jusqu'en 1181.
Un texte chinois dit : Le roi des Cham "assaillit à l'improviste la capitale du Tchen La avec une flotte puissante, la pilla et fit périr son roi sans écouter aucune proposition de paix. De là naquit une grande haine..." qui, in fine, provoqua l'effondrement du royaume du Champa.


Retour de la troisième dynastie (1181-1327)

Jayavarman VII

Jayavarman VII (1181-1201), affilié à Jayavarman VI, redonna gloire au royaume, en chassant les Cham, et en construisant beaucoup.
Un texte chinois dit : "Le roi avait juré de tirer de ses ennemis une vengeance éclatante, ce qu'il parvint à exécuter après dix-huit années de patiente dissimulation".
Les dernières hostilités eurent lieu vers 1190. Les troupes khmères s'emparérent de la capitale cham. Le roi cham fut emporté en captivité et son royaume devint, en 1203, une simple province khmère.
On doit à Jayavarman VII (entre autres): Angkor Thom, le Bayon, le Prah Khan, le Ta Prohm le Neak Pean.

Après Jayavarman VII, vers 1245, une violente réaction brahmanique eut lieu.
Signalons le passage en 1296 de
Tcheou Ta-Kouan.

Cette dynastie continua sans gloire jusqu'en 1327, abandonnant le Champa en 1220, luttant contre le royaume d'Ayuthia qui s'emparera d'Angkor une première fois vers 1353, emmenant quelques 90 000 personnes, dont le ballet royal au grand complet, en captivité. Le royaume d'Ayuthia régnera sur Angkor pendant six ans. Il tentera une nouvelle conquête en 1404 (plus de 40 000 déportés) et portera le coup de grâce en 1431.

Un siècle dont on ne sait rien de certain : 1327 - 1432

Les Chroniques Royales ne citent aucun nom vérifiable de roi après 1327. En vérité nous ne connaissons rien des derniers règnes d'Angkor.
La légende donne comme dernier roi d'Angkor, ou premier roi de l'après-Angkor, l'homme aux concombres, le jardinier régicide.

1431 ou 1432 : la fin.


Il semble qu'Angkor fut totalement désertée entre 1431 et 1550. (lire la fin d'Angkor)