Les principaux temples par ordre chronologique, suite...

La période baroque : les oeuvres de Jayavarman VII

sauf le Bayon

Jérôme ROUER, nov 96, mai 97


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Contenu de ce sujet :

Ta Prohm Angkor thom Terrasse des éléphants Terrasse du roi lépreux
Prah KhanNeak Pean


En 1177 les Chams s'emparent de la capitale et l'incendient.
Quatre ans plus tard, Jayavarman VII parvient à chasser l'envahisseur et entreprend de reconstruire le royaume et en particulier sa propre capitale, nommée Angkor Thom, qui constitue l'ensemble le plus complet de la science urbanistique khmère.
Jayavarman VII a construit presque autant de monuments que l'ensemble de ses prédécesseurs réunis.
Il reste réputé pour sa manie de reprendre, remanier et surcharger ses constructions à peine étaient-elles terminées.
Passant de l'hindouisme au bouddhisme, il instaure un style qui, se fondant sur les principes anciens, y ajoute sans mesure des effets baroques et flamboyants. De ce fait, il abolit les frontières entre sculpture et architecture, les tours des monuments se couvrent d'immenses visages en relief qui représentent à la fois l'image du Bouddha et celle du souverain.


TA PROHM milieu du XII°-début du XIII°

Débroussaillage en 1920.

Ce grand temple fut construit par Jayavarman VII qui le dédia à sa mère. Il servit de monastère.
A titre d'exemple il a été laissé en cet "état de nature" qui fit jadis l'émerveillement des premiers explorateurs. Les racines d'immenses fromagers (Tetrameles nudiflora), étreignent et emprisonnent certains batiments.
12 640 personnes, dont 615 danseuses, vivaient à l'intérieur du mur extérieur qui mesure 1 000 m sur 600 m.
3 140 villages totalisant 79 365 personnes étaient affectés au service du temple.
Le temple, de plan complexe, labyrinthe de galeries et de couloirs, n'a pas été construit en seul jet.

Certaines de ses tours ont des propriétés acoustiques remarquables, provoquant notamment des résonances bizarres dans tout le corps lorsque, adossé à l'un des murs, vous vous frappez la poitrine.

A 600 mètres à l'Est, se trouve le temple-soeur du Bantéa Kdeï.


ANGKOR THOM ou "la grande capitale"




Lire aussi la description de Tchéou Ta Kouan.

Angkor Thom ou la Grande Capitale a été construite, au moins pour sa partie sud, sur la première capitale (celle du Phnom Bakeng).
C'est un quadrilatère de 3 km de côté, bordé par une douve de 100 mètres de large. Derrière cette douve mesurant 12 km de périmètre s'élève un mur d'enceinte au sommet duquel court un chemin de ronde. (voir la description du système hydraulique de la ville)
Cette structure n'a pas de caractère défensif ; elle est l'expression d'un symbolisme : la muraille représente la chaîne de montagnes qui entoure l'univers des hommes, la douve n'est autre que l'océan cosmique...

LA VILLE

Les chaussées des géants et les portes d'entrée

Le plan-masse




Cinq digues franchissent la douve de plus de 100 m de large : elles supportent la fameuse "Chaussée des géants", voie d'accès bordée des deux cotés de hautes balustrades constituées par 54 géants portant dans leurs bras le corps d'un énorme naga.


LA PLACE ROYALE et la Terrasse des éléphants

Vaste esplanade de 550 m sur 200 m qui servait aux défilés, parades et à la fête mensuelle que décrit le voyageur chinois Tcheou Ta-Kouan :

" En avant du palais, on assemble une grande estrade pouvant contenir plus de 1 000 personnes. On la garnit entièrement de lanternes et de fleurs. En face on réunit des montants de bois et on les assemble en échafaudages élevés. Au sommet on place des fusées et des pétards. La nuit tombée, on prie le souverain de venir assister au spectacle... Les explosions ébranlent toute la ville.
Chaque mois il y a une fête. Au neuvième mois elle consiste à rassembler dans la ville la population de tout le royaume et à la passer en revue devant le palais. Le cinquième mois on rassemble tous les Bouddhas du royaume et en présence du souverain on les lave.
Quand le prince sort, la cavalerie est en tête d'escorte; puis viennent les étendards, les fanions, la musique. Des filles du palais, au nombre de 300 à 500, en étoffes à ramages, des fleurs dans les cheveux, tiennent à la main de grands cierges et forment une troupe... Puis viennent les filles du palais portant les ustensiles royaux d'or et d'argent... Ensuite il y a les filles du palais tenant la lance et le bouclier et qui sont la garde privée du prince...
Suivent les voitures à chèvres, les voitures à chevaux, toutes ornées d'or. Les ministres, les princes sont montés à éléphant. Leurs parasols rouges sont innombrables.
Après eux arrivent les épouses et concubines du roi, en palanquin, en voiture, à éléphant. Elles ont plus de cent parasols garnis d'or. Derrière elles, c'est le prince debout sur un éléphant et tenant la précieuse épée. Les défenses de l'éléphant sont enveloppées d'or. Des éléphants nombreux se pressent autour de lui et la cavalerie le protège."

Cette esplanade est bordée à l'ouest par la TERRASSE DES ELEPHANTS

Cette terrasse de plus de 300 mètres de long a été souvent remaniée.
Le dessus, à deux niveaux, de cette terrasse devait comporter des tribunes en bois et autres bâtiments légers qui permettaient à la Cour de jouir des spectacles donnés sur l'esplanade en tout confort.

et, dans le prolongement se trouve le monument fort improprement appelé la TERRASSE DU ROI LEPREUX.

La terrasse du Roi Lépreux, dont la restauration est en cours de finition, est un massif en maçonnerie de 25 mètres de coté pour 6 m de haut dont les faces sont entièrement rehaussées de personnages sculptés. La restauration a fait découvrir une première façade sculptée un mètre en dedans de la façade extérieure.
Ce monument devait servir de crématoire.
Sur cette terrasse se trouvait la statue dite du Roi Lépreux, actuellement visible au musée de Phnom Penh. Cette statue, rendue célèbre par le roman du même nom de Pierre Benoît, a la particularité, unique dans l'art khmer, de représenter un humain nu (mais asexué). Il ne porte aucun signe de lèpre et ce ne serait en rien un roi mais un démon...


LE BAYON, début du XIII°,

Dégagement en 1911.

Se référer à l'article sur ce temple.


Jayavarman VII, qui semble être mort en 1201, trois cent ans après la construction du premier temple, le Phnom Bakheng, fut le dernier roi-constructeur du Cambodge.
Angkor resta la capitale de l'Empire jusqu'à son extinction, vers 1432.